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IL ETAIT UNE FOIS… LE DRAPEAU BLEU Par Sharon Brown (Kentucky) traduction de Sylvain Ruaud Il y a bien longtemps, j’habitais dans les montagnes du sud-est du Kentucky, et cela fait bien longtemps que j’ai transplanté des Drapeaux Bleus depuis les pentes de ces montagnes jusqu’au jardin de ma tante Bett. Pour moi ils étaient magnifiques, pour elle c’était des plantes médicinales. Il y a des choses que ne peuvent pas s’oublier. J’ai grandi dans le sud-est du Kentucky, en plein milieu des plus jolies montagnes qu’on puisse trouver. C’était pendant la deuxième guerre mondiale, et mon père servait sa patrie dans le Pacifique. Je ne l’avais jamais vu, mais ma mère me parlait de lui tous les jours, tout comme elle me parlait des fleurs qu’elle cultivait dans son jardin. Nous n’avions pas beaucoup d’argent, mais il y avait une abondance de fleurs sauvages qui poussaient autour de nous. Ça ne coûte rien de transplanter des fleurs sauvages, et pour ma mère elles poussaient gaillardement. Je dois admettre que les fleurs se trouvaient dans le jardin avant moi. Elles étaient déjà en fleur pendant l’été de mon premier anniversaire. Et dès le printemps de mes deux ans, je savais par cœur leurs noms et comment il fallait faire pour les planter, soit à partir de graines, soit en les déplaçant d’un coin de montagne à un autre. A cette époque ma couleur favorite était le bleu. Il y avait une fleur à laquelle je m’intéressais particulièrement, et ma mère l’appelait le Drapeau Bleu. Quand il s’épanouissait il était à peu près aussi haut que moi, j’appréciais de pouvoir saluer ses fleurs chaque matin, nez à nez. Je ne me souviens plus s’il avait une odeur, mais ça n’était pas le sujet, c’était la plus belle fleur de toutes les fleurs du jardin. J’ai grandi et quand j’ai eu trois ans mon père est revenu de la guerre, et nous avons déménagé pour la maison où mon père avait été élevé. C’était une magnifique maison, pleine de cachettes, de coins et recoins qu’une petite fille adorait. Mais il n’y avait pas de jardin fleuri. Ma grand’mère Ninna habitait toujours là et elle avait son appartement au deuxième étage. Elle ne s’intéressait pas aux plantes qui n’étaient pas bonnes à manger, et les fleurs m’ont manqué, surtout mon cher Drapeau Bleu. Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps avant que ma mère ne se crée un ou deux espaces fleuris, et j’avais mon propre jardinet tout près de petit torrent qui dévalait à côté de la maison. La première fleur que j’ai plantée a été un Drapeau Bleu. Ninna disait qu’il ne pousserait pas, puisque j’insistais pour placer son rhizome à fleur de sol, mais j’étais certaine du contraire et je le lui ai sans doute dit. Il a poussé, il a fleuri, et j’étais super contente. Juste au bout de la petite route qui venait de notre maison, habitait ma tante Bett, la sœur de Maman. Je ne la connaissais pas bien. Elle n’avait jamais eu d’enfant et je la trouvais un peu sévère pour moi. Un jour elle est montée jusqu’à la maison et a dit qu’elle avait besoin d’une racine de mon Drapeau Bleu. Hein ? Quoi ? Elle voulait prendre la racine de mon cher Drapeau Bleu ? Je n’ai pas compris, et j’étais prête à éclater en sanglots devant toute ma famille. Je ne savais pas que les rhizomes se multipliaient, personne ne me l’avait jamais dit Je n’étais pas l’un de ces enfants qu’on voit, mais qu’on n’entend pas. J’ai nettement dit à Tante Bett que je ne pouvais pas lui donner ma fleur préférée, et qu’elle n’avait qu’à aller dans la montagne en chercher une pour elle. Ma mère était un peu surprise par sa fille si bien campée sur ses positions, mais je me souviens très bien que Tante Bett s’est agenouillée devant moi, de sorte que nous nous trouvions les yeux dans les yeux. Elle m’a expliqué qu’elle fabriquait des médicaments à partir de plantes bien précises et que le Drapeau Bleu était la meilleure médication pour remettre sur pied les gens malades. Elle m’a expliqué l’importance particulière du Drapeau Bleu. Elle m’a expliqué aussi que les racines avaient poussé, qu’elles s’étaient multipliées et que mon drapeau Bleu ne souffrirait pas de ce qu’on lui en prenne un petit peu. J’aimais les gens qui me parlaient comme ça. Elle ne m’a pas traitée comme une gamine écervelée, elle m’a dit exactement ce qu’il fallait. Et en plus elle avait des yeux bleus brillants, exactement comme les miens. Je l’aimais bien, vraiment je l’aimais bien. J’ai donc été d’accord pour qu’elle prenne un peu des racines de mon Drapeau Bleu, autant qu’elle en avait besoin pour son médicament. J’étais curieuse de voir ce médicament. Je lui ai dit aussi que je lui apprendrais à faire pousser ses propres drapeaux bleus, et je l’ai vraiment fait. (…) Le drapeau bleu, iris versicolor, est une fleur sauvage commune, mais si belle. Il est aussi connu sous d’autres noms comme lis du foie ou iris d’eau. Il a été baptisé en l’honneur de la déesse grecque de l’arc-en-ciel, tant il est vrai que les couleurs des iris sont plus nombreuses qu’on ne peut compter. Toute ma vie il a été un des éléments de base de tous les jardins que j’ai eus à travers le pays. Le drapeau bleu est l’un des nombreux iris sauvages originaires de l’est de l’Amérique du Nord. Les premiers colons l’ont appelé Drapeau Bleu en raison de sa vive ressemblance avec le fameux Drapeau Jaune européen (Iris pseudacorus), le modèle de la Fleur-de-Lis, l’emblème de la royauté française. Le Drapeau Bleu est aussi appelé Lis du foie parce que ses rhizomes, séchés et réduits en poudre, étaient jadis considérés comme d’excellents remèdes pour purifier le sang et soigner les maladies de foie. Les Indiens d’Amérique, les ancêtres de Tante Bett, le considéraient comme la panacée universelle. Ils l’utilisaient pour toutes sortes de choses, comme en cataplasmes contre les plaies et ecchymoses, ou pour soigner les mêmes maux que ceux pour lesquels les hommes blancs s’en servaient. On dit que certains indigènes américains plantaient le drapeau bleu tout à côté de leurs villages de façon à en avoir toujours sous la main, ce qui explique son abondance dans les montagnes. Ma Tante Bett m’a appris aussi que si je mangeais une bouchée de drapeau bleu, je pouvais être très malade, parce qu’utilisé mal à propos il pouvait être très toxique. Elle m’a enseigné qu’on l’appelait aussi drapeau empoisonné. Vous voyez donc que l’iris sauvage et moi avons fait un bon bout de chemin ensemble. C’est lui qui m’a fait connaître le jardinage et m’a introduit dans le monde des plantes médicinales. Il a été également le lien entre ma tante Bett et moi. J’ai appris plein de choses de l’un et de l’autre, Tante Bett et mon cher Drapeau Bleu. |
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